Il est toujours content, heureux d’être au CFA. Pourtant, sa route pour venir en Pays d’Aix a été longue et semée d’embûches…
Ezadin Al Cheik est né en 2000, loin d’Aix et de la Provence, dans un petit village du Darfour, une région du Soudan. En 2003, la guerre civile éclate dans sa province natale : rébellions et répression font des milliers voire des dizaines de milliers de morts. Des villages entiers sont massacrés. La famille d’Ezadin s’enfuit vers le Tchad et se retrouve dans un camp de réfugiés. Les conditions de vie sont très difficiles et le père d’Ezadin, qui veut une vie meilleure pour son fils, décide en 2014 de le confier à un homme qui travaille en Libye. L’homme part donc avec Ezadin. Ils traversent le désert dans des conditions périlleuses… A peine ont-ils franchi la frontière lybienne que l’homme qui accompagnait Ezadin se fait arrêter.
Ezadin se retrouve seul. Il a tout juste 15 ans. Les conditions de vie dans ce pays en guerre sont encore plus terribles que dans le camp de réfugiés qu’il a quitté.
Il reste cinq mois à Tripoli avant d’embarquer, avec l’accord de sa famille, sur un bateau de fortune vers l’Italie. Secouru par un navire italien, il débarque en Sardaigne. En deux mois, il rejoint Rome, puis Vintimille. Il traverse la frontière, les Alpes à pied et arrive épuisé à Gap où il décide de s’arrêter.
Ezadin est alors pris en charge par des associations qui s’occupent notamment des Migrants Isolés Étrangers (MIE). Fin 2016, il est envoyé à Marseille. Il commence à suivre des cours pour apprendre le Français. Plus tard on l’envoie à Aix-en-Provence au foyer Saint-Michel qui accueille des mineurs. Il y reste jusqu’à sa majorité. Il demande alors le droit de rester en France et obtient le statut de réfugié. Il a donc le droit de rester et de travailler.
Heureusement, Ezadin est un battant car la partie n’est pas encore gagnée : il doit trouver un travail, un logement… Il n’a aucune formation, pas de famille.
Ezadin a fui la guerre, traversé des déserts, puis la Méditerranée pour encore fuir la guerre et trouver une vie meilleure. Il ne connaît pas l’administration française et ses rouages. C’est un nouveau parcours du combattant dans lequel il se lance, mais il sait ce qu’il veut.
En effet, Ezadin a toujours aimé les voitures. Aussi, il vient faire un stage d’observation en mécanique et en carrosserie au CFA du Pays d’Aix. Il choisit son avenir : ce sera la carrosserie ! Ezadin trouve un patron et s’inscrit en CAP carrosserie. Les débuts sont difficiles : il commence à peine à maîtriser la langue française qu’il doit suivre des cours d’histoire-géographie, de PSE, de mathématiques…
Mais Ezadin s’accroche et les enseignants l’accompagnent. Des cours de FLE (Français Langue Etrangère) sont mis en place au CFA du Pays d’Aix car ils sont quelques uns à ne pas maîtriser la langue française. Ezadin travaille dur et le travail, ça paye. Il progresse. Ses professeurs de pratique et son patron sont contents de lui et le lui disent.
En janvier, lors du premier conseil de classe, Ezadin a même décroché les encouragements !
Ezadin n’a pas fini de nous étonner…